D E
Voyages
dans
L'AMERIQUE.
l'intérieur père
de
l'Amérique,
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par
le
Mareol.
L E S voyages qu'on fait en ce pays-ci, ne doivent pas se comparer à ceux que vous faites en Europe ; vous trouvez, de temps en temps, des bourgs et des villages, des maisons pour vous retirer, des ponts ou des bateaux pour passer les rivières, des sentiers battus qui vous conduisent à votre terme , des personnes qui vous remettent dans le droit chemin, si vous vous égarez. I c i , rien de tout cela; nous avons marché pendant douze j o u r s , sans rencontrer une seule ame ; tantôt nous nous trouvious dans des prairies à perte de v u e , coupées de ruisseaux et de r i vières , sans trouver aucun sentier qui nous guidât : tantôt il falloit nous ouvrir un passage à travers des forêts épaisses , au milieu des broussailles, remplies de rouces et d'épines : d'autres fois, nous avions à passer des marais pleins de fange, où nous enfoncions quelquefois jusqu'à la ceinture. Après avoir bien fatigué pendant le j o u r , il nous falloit prendre le repos de la nuit sur l'herbe ou sur des feuillages , exposés au v e n t , à la pluie et aux injures de l'air; heureux encore quand on se trouve auprès de quelque ruisseau ; autrement, quelque altéré qu'on s o i t , la nuit se passe sans pouvoir éleiiidp' sa soif. On allume du feu, et quand on a tué quelque b ê t e , en chemin faisant, on eu fait griller des m o r -