Les chercheurs de quinquinas : des vallées de Caravaya à l'Amazone

Page 88

IX

SAN GABAN

A la suite de ce travail on avait établi le campement pour le repas de midi, et l'on se reposait avant de reprendre la route quand tout à coup les voyageurs tressaillirent. Un perroquet venait de se faire entendre, poussant son cri avec une force inusitée chez ces oiseaux; chose étrange, au lieu de venir du sommet des arbres, ce cri paraissait retentir à côté des voyageurs eux-mêmes, si bien que chacun examina attentivement les alentours. Une minute ne s'était pas écoulée, qu'ils découvraient, à leur grand effarement, derrière un tronc voisin un visage peinturluré qui les examinait. « Les Chunchos! » s'exclamèrent les péons. Appuyé nonchalamment contre l'arbre qui le cachait, un sauvage montrait sa tête, grimaçant un sourire pour donner l'assurance de ses intentions pacifiques. Lorsqu'il jugea que son appel avait été entendu, il fit de la main un signe amical et s'avança vers les voyageurs sans tenir compte de leur air renfrogné ni du froncement de sourcils qui accueillaient sa présence. Arrivé à quelques pas, il s'arrêta et leur adressa en un langage inconnu d'eux quelques mots qu'il débita avec volubilité en les accompagnant de gestes abondants. D'un mot Belesmore exhorta les péons à faire bonne contenance et à dissimuler la peur qui les secouait déjà, puis il entreprit, à l'aide de signes et d'un jargon particulier, d'obtenir de son interlocuteur quelques explications auxquelles il donna le sens suivant : L'individu appartenait à une tribu de Siriniris errant dans le voisinage, et que le bruit des coups de feu avait attirés près des voyageurs. IL avait été envoyé pour faire remarquer que les détonations fréquentes des fusils jetaient le trouble parmi les habitants de la forêt; que, depuis plusieurs


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.