Les chercheurs de quinquinas : des vallées de Caravaya à l'Amazone

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VII

A LA RECHERCHE DES MANCHAS

Tout autour du village que quittaient les voyageurs on apercevait quelques champs cultivés, juste de quoi subvenir aux besoins des habitants. Leur industrie principale consistant dans la location de leur personne et dans la vente de quelques toisons de brebis, les pièces de maïs, de manioc, de pommes de terre, formaient la presque totalité de la culture; quelques groupes d'arbres fruitiers et de cannes à sucre s'y mêlaient. On y remarquait de verdoyants carrés d'arbrisseaux, dans lesquels deux ou trois femmes étaient occupées. Un étranger n'eût point manqué de donner un coup d'œil à ces plantes, dont la feuille à court pétiole et à la triple nervure a un aspect particulier. Nos voyageurs n'y prêtèrent point d'attention, bien qu'ils l'eussent en grande estime et que chacun, avant de partir, en eût fait une ample provision. Ces cultures, dont la plus grande fut indiquée comme propriété du gouverneur de Canamari, étaient des champs de coca, cette panacée sans laquelle jamais le Péruvien et le Bolivien ne font un pas. Le point où on les rencontrait était merveilleusement situé pour le développement de la plante, dont nous demandons à donner succinctement le mode de culture. Pour les botanistes, l'arbuste est une erythroxylée, à laquelle ils ont donné le nom d'erythroxylon coca, mais que l'on se borne, dans le langage ordinaire, à appeler coca. Il se plaît aux altitudes de 2 000 à 2 500 mètres, où il donne comme fruit une baie rouge rappelant celle du sorbier. Cette baie doit être semée fraîche, c'est-à-dire au plus tard un mois après la cueillette, car, aussitôt sèche, elle a perdu ses facultés germinatives. C'est précisément, soit dit en passant, le principal obstacle qui


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