Les chercheurs de quinquinas : des vallées de Caravaya à l'Amazone

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LES

DE

CHERCHEURS

QUINQUINAS

I

DANS LES CERROS

Par une froide journée de septembre 187., une petite troupe de piétons débouchait du couloir au fond duquel gronde la rivière de Tocuyo. L'étape avait dû être rude, à en juger par l'air harassé des voyageurs. En effet, avant d'aller courir dans la vallée que dominent les sommets de la chaîne de Huilcanota, le rio Tocuyo franchit la chaîne du Crucero en se glissant par une échancrure qui a coupé ou plutôt fendu en deux cette partie des Andes péruviennes. L'eau a pu à peine se frayer un passage au milieu des roches bouleversées, tourmentées, tombées des murailles à pic. L'homme a voulu suivre la même route; et, quand la hauteur des eaux le permet, quand les tempêtes, si fréquentes dans ces parages, n'ensevelissent pas les imprudents sous des flots de neige, quelques hardis voyageurs se risquent le long de l'étroite corniche qui surplombe l'abîme ; sautant de roche en roche, traversant et retraversant sans cesse les gués du torrent, ils peuvent quelquefois accomplir en une quinzaine d'heures ce pénible trajet. Leur hardiesse est récompensée par un gain de deux journées de marche. Au lieu de s'élever lentement le long des pentes et de gagner quelque passe connue seulement des bergers, ils arrivent ainsi directement au petit hameau de Quellhuacocha. Mais nos voyageurs avaient beau presser le pas, il devenait évident qu'il leur serait impossible d'atteindre la couchée avant le milieu de la nuit. Au lieu de neige, ç'avait été, ce jour-là, une pluie diluvienne qui était survenue au milieu du trajet, et les avait tenus prisonniers, pendant


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