Les chercheurs de quinquinas : des vallées de Caravaya à l'Amazone

Page 53

LES C H E R C H E U R S DE

QUINQUINAS

53

En pareil cas, le seul parti à prendre est de s'arrêter et d'attendre que le sol, déblayé de sa blanche couverture, permette de retrouver le chemin. On fit halte, les pieds dans la neige, le soleil sur la nuque, dans les meilleures conditions pour être frappé d'insolation, et l'on tint conseil. Les muletiers ne s'entendaient point; leur conférence, que soulignaient de formidables Caramba! et autres jurons hispano-indiens, semblait ne devoir guère aboutir. Les plus experts avaient beau chercher à s'orienter en mouillant leur index et en le présentant au vent, ils

L'asile qu'ils avaient découvert était une rancheria d'été non encore occupée par ses habitants.

ne parvenaient pas à retrouver leur direction. Cette expérience mainte fois répétée n'ayant pas abouti, un second conseil fut tenu par les chefs de la caravane; ils décidèrent d'attendre encore une heure sur place. Si le soleil qui baissait n'avait pas fait fondre suffisamment la neige pour permettre de reconnaître le terrain, on emploierait le campement des bagages. Ce procédé, qui est fréquemment usité lors du passage des Andes, consiste à décharger les mules et à construire, au moyen des caisses et des ballots qu'elles transportent, une sorte de rempart demi-circulaire, derrière lequel les voyageurs établissent leur feu de bivouac et se garantissent de la violence du vent.


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.