Les chercheurs de quinquinas : des vallées de Caravaya à l'Amazone

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LES C H E R C H E U R S DE

QUINQUINAS

La superbe hacienda de Tilamarca était un des principaux morceaux de cette fortune qui lui survenait si inopinément. La grande fierté qui avait préservé don Juan de toute défaillance au moment de sa catastrophe lui servit aussi dans ce retour de prospérité. Il lui dut la ferme résolution de ne plus rien demander au jeu. Il se fit également une loi, afin d'échapper à toute sollicitation importune comme à tout entraînement, de ne jamais avoir de débiteurs, d'être large dans sa manière de vivre, somptueux même, généreux avec ses amis, mais de ne se créer envers les autres aucune obligation embarrassante. C'était, en somme, un plan de vie égoïste qu'il se traçait; et, pour rencontrer moins d'entraves à son exécution, il avait constamment refusé d'enchaîner sa liberté par le mariage. Au moment où nous le rencontrons il avait dépassé la quarantaine, ne connaissant qu'une seule préoccupation : ne point dépenser au delà de ses revenus, afin d'éviter tout embarras. Il partageait son existence entre ses amis de Cuzco et Titamarca, qui lui fournissait l'occasion des grands exercices de sport dans lesquels il excellait. C'était pour lui une occasion toujours avidement recherchée de réunir ceux de ses voisins qu'il pouvait inviter sans que sa fierté eût trop à souffrir du contact de gens d'un niveau social souvent peu relevé. Ces joyeuses et nombreuses réceptions, très appréciées dans la puña, alternaient avec l'accomplissement de ses devoirs de grand propriétaire et suffisaient largement à l'emploi de son temps pendant le séjour qu'il faisait chaque année à Titamarca.


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