Proceedings of the 52nd annual meeting of the Caribbean Food Crops Society, july 10 - july 16, 2016

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Paper presented at the 52nd CFCS Annual Meeting, Guadeloupe, July 10-16, 2016

SOUVERAINETE ALIMENTAIRE ET STRATEGIES D’UTILISATION DES TERRES : LE CAS DE LA GUADELOUPE H. Archimède INRA – UR0143, Unité de Recherches Zootechniques, 97170 Petit Bourg, Guadeloupe Introduction Autonomie alimentaire, sécurité alimentaire et souveraineté alimentaire sont des concepts qui ont fait l’objet de nombreux débats internationaux. Ils peuvent être utilisés indifféremment mais en réalité ils font état de postures et objectifs différents. L’autonomie alimentaire est une « donnée quantitative » qui mesure la capacité d’un pays à couvrir les besoins alimentaires de sa population avec les productions issues de son terroir. La FAO considère que «la sécurité alimentaire est une situation caractérisée par le fait que toute la population a en tout temps un accès matériel et socioéconomique garanti à des aliments sans danger et nutritifs en quantité suffisante pour couvrir ses besoins alimentaires, répondant à ses préférences alimentaires, et lui permettant de mener une vie active et d’être en bonne santé» (FAO, 1996). La souveraineté alimentaire est un concept moins neutre formulé par des mouvements paysans d’Amérique du sud en réaction à la mondialisation et au commerce international des vivres. C’est le droit des états et des populations à définir leur politique alimentaire et agricole. La souveraineté est un concept tant quantitatif et qualitatif qui intègre entre autres une dimension culturelle, éthique, sociale… Indépendamment du choix de politique agricole, l’une des conditions pour converger vers la souveraineté alimentaire est la disponibilité en terres agricoles qui doit être en adéquation avec la taille de la population. Les terres agricoles ont une limite biologique de production à raisonner dans le contexte d’une agriculture agro-écologique afin de concilier production et protection de l’environnement. A l’échelle mondiale, les surfaces agricoles régressent alors que la population augmente. En Guadeloupe le Schéma d’Aménagement Régional a figé les surfaces agricoles à 50000 hectares alors que les prédictions de population de l’INSEE pour 2040 sont de 430000 habitants. Dans cette étude avec la Guadeloupe comme exemple , l’objectif est de quantifier, suivant différents scénarii de consommation et de gestion du territoire, les besoins en surfaces agricoles dans une optique de souveraineté alimentaire. Matériel et Méthodes Les habitudes alimentaires et les modèles de consommation impactent fortement le besoin en surfaces agricoles. Les besoins alimentaires ont été calculés pour un homme adulte. Le besoin énergétique retenu pour les calculs est de 3000 kcal par jour/personne dont 13% apportés par des protéines animales pour le régime omnivore (CNERNA, 2002). Les régimes végétaliens et végétariens n’incorporent pas de protéines animales mais des pois sont consommés journellement contre une fréquence de 3 jours par semaine pour les régimes omnivores. Deux scenarii ont été étudiés pour le régime omnivore : 0 vs. 50% des protéines sont apportées par du poisson pour les omnivore-viande vs omnivore-poisson. Pour le régime omnivore-poisson Le choix a porté sur la pêche classique plutôt que l’aquaculture. Pour le régime végétarien, l’apport protéique est couvert par du lait et des œufs. L’assiette moyenne du consommateur a été composée de 5 groupes d’ingrédients issus du terroir guadeloupéen dont les valeurs énergétiques ont été estimées à: 1) 2800 kcal en moyenne par kg les tubercules racines et fruits amylacés secs; 2) 2800 kcal en moyenne pour les céréales secs ; 3) 2800 kcal en moyenne pour les protéagineux ; 4) 1800 kcal en moyenne pour les viandes fraiches(bovins, ovins, caprins, porcins et volailles) ; 5) 1500 kcal en moyenne pour le poisson. La valeur énergétique des ingrédients a été extraite de la bibliographie (FAO, 1979).La production d’énergie alimentaire par hectare a été calculée sur la base des rendements des productions agricoles observées en Guadeloupe (référence Chambre d’Agriculture). Les rendements ont été minorés de 30% pour prendre en compte les pertes de cuisine, les pertes liées à la conservation, les surfaces agricoles mobilisées, les voiries et bâtiments… Résultats Les surfaces à consacrer à la production de vivres varient fortement avec les choix de consommation des populations et les stratégies agricoles. La production de protéines animales est fortement consommatrice de terres. Les choix des régimes végétalien, végétarien, omnivore 1, omnivore 2 entraînent des besoins de surfaces agricoles respectivement de 0,07, 0,10, 0,17 et 0,24 hectare par habitant. Cela correspondrait à des besoins totaux en surface agricole d’environ 30000, 43000, 73000 et 103000 ha. Si on fait l’hypothèse du maintien des surfaces destinées aux cultures d’exportation à leur niveau actuel, soit environ 20 000 ha, seules 30000 ha sont potentiellement disponibles pour les productions vivrières. Dans un tel contexte seule l’orientation « végétalien » permettrait de converger vers une souveraineté alimentaire. En l’état actuel des connaissances, la capacité des régimes « végétaliens » à répondre aux besoins nutritionnels de l’homme fait l’objet de controverses. L’incorporation de protéines animales et/ou de poisson serait obligatoire. La recherche d’une meilleure efficience dans l’utilisation des surfaces agricoles et des biomasses végétales produites est nécessaire. Plusieurs stratégies permettraient d’y converger : i) développer des systèmes de production de type polycultures-élevage incorporant des cultures alimentaires duales dont la biomasse est consommable par l’homme et l’animal ; ii) réduire les gaspillages en recyclant les biomasses non consommées (agricoles, domestiques et du commerce)

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