Proceedings of the 52nd annual meeting of the Caribbean Food Crops Society, july 10 - july 16, 2016

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Paper presented at the 52nd CFCS Annual Meeting, Guadeloupe, July 10-16, 2016 VIABILITY, EFFICIENCY AND RESILIENCE OF AGROSYSTEMS

Keynote: GOUVERNANCE TERRITORIALE : QUELS TYPES D’INNOVATION POUR METTRE EN PLACE LA TRANSITION AGROECOLOGIQUE? CAS D’ETUDE EN AMERIQUE LATINE, CARAÏBES 1

Eduardo Chia

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INRA/CIRAD, Umr – Innovation, 34000 Montpellier, France

Cette communication vise à introduire le concept de gouvernance territoriale pour être débattu dans le cadre des travaux qui seront conduits dans la session 3 de la CFCS 2016 « Potentialities of agroecological farming systems for mitigation and sustainable adaptation of farms to global change in Caribbean small islands ». L’objectif de la session est d’échanger sur les modalités de transformation de l›agriculture en tenant compte des pratiques (techniques et organisationnelles) individuelles et collectives des agriculteurs. Un regard particulier sera porté aux échelles et niveaux d’organisation facilitant la mise en œuvre de la transition agroécologique dans les petites économies insulaires (principalement celles de l’espace Caraïbes) et dans les Etats d’Amérique Latine. Nous partons de l’idée que dans le travail de (re)définition technique et organisationnelle dans lequel les acteurs du développement rural sont engagés, pour faire face aux incertitudes politiques, climatiques, économiques, ils doivent mettre en place des outils, instruments et dispositifs qui leur permettent de se coordonner pour se mettre d’accord sur ce qu’il convient de faire, comment et avec qui le faire et comment l’évaluer, en mobilisant l’ensemble des acteurs publics et privés. C’est-à-dire une gouvernance territoriale. La gouvernance n’est pas le gouvernement ! La gouvernance est devenue une des principales préoccupations des responsables politiques et un objet de recherche pour les chercheurs en sciences humaines et sociales principalement et cela dans tous les domaines de la vie économique et sociale. En effet, depuis une vingtaine d’années on a constaté un peu partout que les politiques publiques (nationales et régionales) ne répondaient pas aux besoins des populations et qu’elles font l’objet, de plus en plus, de contestations. Les populations demandent à participer à l’élaboration, la mise en place et l’évaluation de politiques publiques. La participation est née ! Les acteurs considérés, jusque là, comme des profanes sont de plus en plus organisés et informés. Ils ont développé des capacités d’expertise et d’innovation importantes pour participer à la « fabrique » des politiques publiques et actions régionales. Nous avons étudié, dans différentes situations de développement rural (France, Afrique du Nord et de l’Ouest et en Amérique Latine –Chili, Brésil, Honduras, Colombie…-) les processus de gouvernance territoriale pour analyser la construction collective d’objectifs et d’actions mettant en œuvre des dispositifs multiples qui supposent des apprentissages collectifs et des innovations institutionnelles et organisationnelles dans les territoires » (Chia et al. 2010). Dans le projet Gouv.Innov nous avons construit une définition de la gouvernance territoriale. La gouvernance territoriale est « un processus dynamique de coordination entre des acteurs publics et privés aux identités multiples et aux ressources asymétriques, réunis autour d’enjeux territorialisés » (Chia et al. 2010 ; Rey-Valette et al 2014). Cette définition rejoint celles d’autres auteurs, Stoker (1998, 2006), Le Gales (1995), Lascoumes et Le Gales (2005), Gaudin (2002, 2005) qui ont travaillé dans d’autres domaines d’intervention publique. Ainsi, Le Gales, à propos de la gouvernance des villes, définit la gouvernance comme « l’ensemble des arrangements et relations formels et informels entre intérêts publics et intérêts privés […]. Cette définition comprend trois éléments distincts : la capacité d’agir, l’existence d’acteurs et d’intérêts organisés, les relations entre ces acteurs qui leur permettent d’agir ensemble, de former une coalition de gouvernement ». Le poids des instruments dans le travail de coordination Pour se coordonner (horizontalement et verticalement) les acteurs ont besoin de fabriquer un langage commun (nécessaire pour travailler ensemble, pour développer la capacité d’agir), un projet commun, des règles de fonctionnement mais aussi des instruments, outils et dispositifs qui permettent d’assurer ces actions. Cette question des outils, instruments et dispositifs dans les organisations ou l’action publique est au cœur des questions de gouvernance territoriale et de transition agroécologique. Sans rentrer dans les détails retenons qu’un instrument constitue un système avec des éléments en interaction : un substrat technique, une philosophie gestionnaire et une vision simplifiée des relations organisationnelles. Le substrat technique est l’abstraction qui permet à un instrument de fonctionner : tableurs, ordinateurs, systèmes experts, jeux de rôle, bases de données pour des systèmes d’information géographique (SIG). La philosophie gestionnaire concerne le « système de concepts qui désigne les objets et les objectifs formant les cibles d’une rationalisation ». Enfin, la vision simplifiée des relations organisationnelles concerne « les rôles que doivent tenir un petit nombre d’acteurs sommairement, voire caricaturalement définis » (Hatchuel et Weil 1992).

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