Proceedings of the 52nd annual meeting of the Caribbean Food Crops Society, july 10 - july 16, 2016

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Paper presented at the 52nd CFCS Annual Meeting, Guadeloupe, July 10-16, 2016

SAVOIRS INNOVANTS PAYSANS : LES ASSOCIATIONS CULTURALES TRADITIONNELLES DES HAUTS PLATEAUX DU CAMEROUN, UN MODÈLE POUR L’INTENSIFICATION AGROECOLOGIQUE Serge Valet1 and Harry Ozier-Lafontaine2 1

Consultant PASSERELLES, 9, rue du Bât d’Argent, 69001, Lyon France, Email: valet.serge2@wanadoo.frInra

2

Inra Centre Antilles-Guyane Domaine Duclos UR 1321 ASTRO 97170 Petit-Bourg Guadeloupe, Email : Harry.OzierLafontaine@antilles.inra.fr Mots-clés : associations culturales, agrobiodiversité, DER, services écosystémiques, changement climatique, mondialisation.

Introduction Les cultures associées multi-spécifiques et multi-étagées sont très répandues en région tropicale. Les hauts plateaux et montagnes de l’Ouest Cameroun offrent un exemple intéressant de la conceptualisation paysanne de ces associations. Cette région se caractérise par de nombreux microclimats, et des unités variées de paysages agro-géologiques qui expliquent la diversité des écosystèmes et des cultures pratiquées (tempérées à tropicales). Cette diversité induit un large éventail de situations agroécologiques, matérialisées par des associations culturales élaborées de manière empirique par des paysan(ne)s. Quoique reconnues incontournables depuis les années 60 par certains chercheurs, elles sont restées considérées comme primitives et irrationnelles par les agronomes et financiers occidentaux jusque dans les années 90. Elles suscitent aujourd’hui un fort regain d’intérêt, comme alternative aux impasses environnementales de l’intensification conventionnelle monoculturale. L’objectif de cet article est de présenter l’inventivité et le savoir-faire innovant des agriculteurs des Hauts Plateaux du Cameroun en matière d’adaptation des associations à différentes échelles - du billon au bassin versant -, en respect des gradients pédoclimatiques. Matériel et méthodes Les Hauts Plateaux du Cameroun sont situés entre 700 et 2700m d’altitude (de 9° à 11°E et entre 5° à 6°N). Quatre provinces géoclimatiques sont définies selon un gradient altitudinal réglant les régimes thermiques et de précipitations, et créant une grande diversité d’agroécosystèmes. Huit situations pédoclimatiques très spécifiques ont été retenues pour étudier la typologie des associations culturales. L’indicateurs d’efficience retenu est le Density Equivalent Ratio : DER = Densité culture associée 1/ Densité culture pure 1 + Densité culture associée 2/ Densité culture pure 2 + Densité culture associée 3/ Densité culture pure 3 + etc. Résultats et discussion Les agriculteurs ont conceptualisé des associations spécifiques aux différentes échelles du billon, au champ jusqu’au bassin versant unitaire et selon les diverses conditions pédo-climatiques. Selon le type d’unité agro-écologique et de sa fertilité (position, pente), du nombre de rotations (épuisement), de l’éloignement de la case et des marchés. Le nombre des cultures varie ainsi que les espèces et variétés (Tableau 1). Site

C%

CEC

Nombre d’espèces (+ si caféier)

DER

Fotensa Dschang Bafou

2,2 4,2 6,6

3 4,3 11,4

6 11 12 +

1,31 1,04 2,91

Tableau 1. Efficience d’associations culturales sur 3 unités agroécologiques contrastées Les caféiers sont introduits dans les cultures sur les unités les plus fertiles en général. Les paysans diminuent la densité des caféiers conseillée par les chercheurs. La fumure conseillée pour le café profite en partie aux cultures associées. Les champs/exploitations sont enserrés par des haies vives ou mortes qui fixent le sol, contrôlent le ruissellement, piègent et remontent en surface les nutriments. Les nombreux arbres jouent un rôle similaire sur le maintien de la fertilité. A l’échelle des éco-régions, trois systèmes agricoles dominent i) Jachère vs. Pâturage, ii) Cultures associées vivrières évolutives, iii) Cultures associées vivrières évolutives + Café. Elles sont implantées en respect des conditions pédoclimatiques et démographiques. Leur répartition dépend de l’importance des pentes inférieures à 12% caractéristiques des unités de paysage agro-géologiques. Le maraîchage irrigué est pratiqué dans les bas-fonds prioritairement. Sur chaque bassin versant, pour les zones à plus de 1800m (roches acides), 1800m (basalte), 1450m (granite) et 1400m (basalte) on constate une répartition spécifique selon la positon sur le versant, outre celle observée selon l’altitude et l’unité agro-géologique (Fig. 1). Ces résultats agronomiques étonnants en absence de biocides et d’engrais de synthèse sont dus aux services écosystémiques (support, régulation, fourniture) gratuits que les plantes en association fournissent.

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