Musique coloniale et société à Saint-Domingue dans la seconde moitié du XVIIIème siècle. Vol.1

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Les timbres Il y a un pourcentage significatifs de timbres qui sont communs aux deux parodies comme on peut le voir sur le tableau précédent. Les timbres grisés sont les timbres communs52 . On remarque que deux timbres sont exactement au même emplacement, les autres se distribuant de façon libre sans qu'une logique puisse se dégager. Un autre timbre joue un rôle particulier, il s'agit de "Sachez qu'au village" (scène 2). Ce timbre correspond au passage de la scène 2 déjà cité, dont le texte créole semble reprendre certains éléments du texte français. Or ce timbre est lui-même une allusion nette au passage de Bastien et Bastienne qu'il transpose et dont le refrain est "Laissez-nous, Messieux, je somm'trop sage Sachez qu'au Village j'ons de la vertu."53

On le voit, il y a une surabondance d'éléments permettant de conclure à l'utilisation de Bastien et Bastienne par Clément comme source d'inspiration. Il s'agit donc plutôt d'une parodie du Devin du village d'après Bastien et Bastienne. Si l'on se penche maintenant sur les choix de Clément on peut noter des intentions manifestes comme ce choix de deux timbres commençant par la même formule - fin de la scène deux Contre un engagement, début de la scène trois Le prévôt des marchands (ex. 1) ou bien le choix du mineur pour Jeannot s'adressant, un peu contrit, à Thérèse à la scène six (Joseph est bien marié, ex. 2)). Les enchaînements de personnages sur le même timbre - scène deux ( Quel désespoir), scène quatre ( Vous voulez me faire chanter, ex. 3) - montrent une réelle maîtrise de Clément tout comme les choix des timbres et de leur succession éclairant les changements psychologiques comme par exemple Que chacun de nous se livre (ex. 4) avec deux registres un pour chaque personnage, suivi de Dans les gardes françaises (ex. 5) au caractère presque narquois. Nous sommes, ici, en présence d'une œuvre nùneure mais dont les transpositions proprement locales, du texte, et les intentions expressives du lien texte-musique sont significatives d'une création. Dans l'état actuel de mes connaissance sur ce sujet il semble que cet opéra-comique soit resté sans véritable descendance. L'ouvrage de Baudot écrit environ 100 ans plus tard en Guadeloupe (Fondoc et 52 "Vraiment ma commère oui" est le ml!me timbre que "Etes vous de Chantilly (ou Gentilli)". Voir Pré C. op., cit., p. 823. 53 Bastien et Bastie1111e 1753, p. 10.

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