Le Brésil en 1889. Partie 2

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LITTÉRATURE.

que patriote et écrivain; José Mariano da Conceição Velloso (17421811) ; de Minas-Geraes, botaniste dont la « Flora Fluminensis » suffit pour p e r p é t u e r le nom ; Antonio Pereira de Souza Caldas (1762-1814), poète qui sut trouver parfois des accents patriotiques. Deux poètes, nés au siècle dernier et morts au milieu du xix siècle, se r a t t a c h e n t aux précédents par leurs tendances, ce sont : Domingos Borges de Barros, vicomte de Pedra-Branca (1780-1853), de Bahia, qui a laissé, entre a u t r e s œuvres, deux volumes de « Poésies dédiées aux dames brésiliennes », et u n petit poème : « Les Tombeaux »; et José da Natividade Sadanha (1796-1830), de P e r n a m b u c o , doux poète, patriote ardent, mort en exil. Maisle véritable mouvement littéraire brésilien date de l'époque de n o t r e indépendance politique (1822). Auparavant, nos poètes allaient puiser leurs principales inspirations en Europe, et c'est comme malgré eux que la fibre nationale résonnait. C'est ainsi qu'en lisant les poésies de Gonzaga et d'Alvarenga Peixoto, aussi bien que les poèmes de Basilio da Gama et de Claudio Manoel da Costa, on a l'impression qu'une nouvelle école va surgir. Leurs bergers ont beau se réclamer de l'Arcadie, on voit bien que les brebis qu'ils mènent à des p â t u r a g e s imaginaires se sont alimen tées des herbages gras de Minas-Geraes. Néanmoins, les uns et les autres restent Portugais autant par la forme classique que par le tour de la pensée, lors même qu'ils chantent des sujets nationaux. Au m o m e n t où le Brésil proclama son indépendance, le r o m a n tisme était dans tout son apogée en France, et notre enfance comme nation autonome a été bercée au son du romantisme. De longues années se sont écoulées pour nous au milieu de cette harmonie étrangère qui faussait l'esprit national et retardait l'éclosion d'une mélodie qui fût bien à n o u s . La France a été p o u r nous une maîtresse dont nous avons suivi trop docilement les leçons ; nos principaux hommes de lettres avaient puisé leur instruction à Paris même ou passaient leur vie dans la fréquentation presque exclusive des auteurs français. Cette influence s'est étendue j u s q u ' à nos j o u r s . Depuis quelque temps, une nouvelle école a tenté de remplacer la direction littéraire française par l'orientation allemande, sans trop réussir dans cette tâche. Malgré ses efforts, la littérature française conserve son prestige parmi nous, et l'homme qui doit ouvrir à notre littérature une voie absolument nationale ne e

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