Le Brésil en 1889. Partie 2

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B R É S I L

E N

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889.

on fit pour cela des dépenses énormes, et on leur donna l'ordre d'étudier et de devenir savants. Peut-être le but qu'on se proposait n'eut-il pas été tout à fait m a n q u é , si, m e t t a n t au concours les places de pensionnaires, on eût fait partir pour la France les sujets les plus instruits et les plus laborieux ; mais ce furent le népotisme et l'intrigue qui présidèrent au choix. Les puissants du j o u r envoyèrent en Europe leurs parents et leurs créatures, et, dans le nombre il se trouva des hommes qui auraient eu besoin de p r e n d r e des leçons de grammaire et de calcul. Les pensionnaires goutèrent les plaisirs de Paris aux frais de leurs compatriotes : on finit par se lasser de tant de dépenses, et l'on mit à faire revenir cette jeunesse peu studieuse a u t a n t de brutalité qu'on a mis peu de discernement en la faisant partir. La circonstance que nous venons de citer ne fut pas la seule où le gouvernement brésilien prétendit prouver qu'il n'était pas indifférent aux nobles travaux de l'intelligence. Il voulut un j o u r récompenser quelques étrangers célèbres, et son choix tomba sur des h o m m e s dont personne ne saurait contester le talent supérieur. Comme il lui était impossible d'accorder des faveurs à tous les genres de mérite, on croira peut-être qu'il donna la préférence à M. de Humboldt, par exemple, qui a rendu tant de services au continent américain ; à des savants qui, comme MM. Spix et Martius, se sont attachés en particulier à faire connaître le Brésil, ses productions et ses richesses ; ou bien encore à des hommes dont les importantes recherches ont eu une grande influence sur les progrès des sciences les plus utiles, et contribué à la prospérité de tous les peuples, à des h o m m e s tels que les Cuvier, les Gay-Lussac, les Poisson, les Davy, les Ampère, les Arago, les Berzelius. Ce ne furent point là ceux que le gouvernement brésilien songea à récompenser; il fit tomber son choix sur Scribe et sur R o s s i n i . » 1

L'art, comme manifestation d'une civilisation nationale est un effet qui ne laisse pas de se produire quand deux causes se trouvent réunies : la richesse et l'instruction. Une prédisposition naturelle à la race peut empêcher j u s q u ' à u n certain point, que ces causes ne produisent tout leur effet; c'était à peu près, ce qui arrivait en Angleterre, avant le grand élan donné en ce siècle à l'enseignement artistique. 1 . Voyage dans le district 1883. V o l . II, p a g e 390.

des

diamants

sur

le littoral

du

Brésil.

Paris,


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