Le Brésil en 1889. Partie 2

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L'ART.

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Rio-de-Janeiro. En effet, ces fleurs composées avec le plumage éclatant de certains oiseaux, joignent au mérite de leur couleur inaltérable un fini précieux d'exécution et peuvent rivaliser avec les œuvres les plus parfaites de Batton et de Nattier. A l'exacte imitation des fleurs naturelles vient se joindre la foule des fleurs imaginaires et impossibles, enfantées par la fantaisie. Il en est parmi ces dernières qui semblent j e t e r des couleurs p h o s p h o rescentes. Cet effet est produit par certaines combinaisons de plumes ravies à la plume enflammée des colibris. Les ailes étincelantes servent aussi à former des bouquets et des p a r u r e s d'un effet magique. Quand on visite ces ateliers, on voit avec surprise éclore ces merveilles de délicatesse entre les mains intelligentes d'enfants trés jeunes. » Ces fleurs en plumes, les parures, les éventails faits avec les coléoptères dorés, sont aujourd'hui très connus en Europe. Dans l'énumération des industries brésiliennes ayant u n côté artistique, on ne saurait les oublier. C é r a m i q u e . — On a cru p e n d a n t longtemps que les indiens du Brésil n'avaient pas d'autres poteries que les plus rudimentaires. Le professeur Hartt prétend qu'on n'a j a m a i s trouvé nulle part des poteries séchées au soleil sans qu'on en découvrit d'autres en même temps, cuites au f e u . Ceci revient presque à affirmer qu'on n'a pas cuit des p o t e ries au soleil, car, l'avantage de la cuisson au feu, une fois reconnu, on ne songerait plus à employer de la chaleur solaire. D'un autre côté, MM. Tschudi et Rivero p e n s e n t que la poterie p é r u vienne n'était pas cuite au feu. Les premiers voyageurs qui ont visité le Brésil parlent des poteries des indiens, des femmes qui les pétrissaient et de la cuisson au feu. On en faisait pour la préParátion d'une boisson fermentée nommée caouïm, d'aussi grandes qu'un tonneau, selon Gabriel Soares, l'écrivain du xvi siècle. On connaissait aussi les grandes urnes funéraires r e m a r q u a bles par leur taille, puisque le cadavre y était introduit et y était maintenu accroupi. Quelques-unes de ces urnes appelées camucim, corruption de cãmbuchi sont ornées d'imbrications moulées. Les 1

e

2

1. Archivos

do Museo

nacional

do Rio-de-Janeiro,

vol. VI, p . 67.

2. T o u s l e s n o u v e a u x é c r i v a i n s b r é s i l i e n s , à l ' e x c e p t i o n d e V a r n h a g e n e t B a p t i s t a C a e t a n o , l e s n o m m e n t igaçaba ce q u i est u n e e r r e u r , i g a ç a b a v o u lant dire — v a s e à eau. Un des endroits o ù l'on a t r o u v é u n g r a n d n o m b r e de ces u r n e s est a p p e l é C a m u t i n s , d é r i v a t i o n p r o b a b l e de Cãmbuchi.


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