Le Brésil en 1889. Partie 2

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louaient leurs services à u n propriétaire de San-Paulo qui leur imposait les conditions les plus dures, et se faisait la part du lion dans les minces profits de leur travail, en les enchaînant par une série de clauses rigoureuses, en leur allouant en u n mot 87 centimes par jour, quand au Brésil un maçon ne reçoit p a r j o u r jamais moins de 5 f r a n c s . Sans doute ces faits ne constituaient que des exceptions, mais leur existence révélait u n état de choses auquel le gouvernement ne pouvait pas rester indifférent. Vers l'époque où prit fin la guerre du Paráguay, la situation de l'agriculture au Brésil semblait prospère, surtout celle de la culture du café. C'était une prospérité peu durable, et qui se maintenait au milieu des g r a n d s m a u x résultant de l'esclavage, dont l'abolition graduelle était exigée p a r l'intérêt social et national du pays qui ne pouvait être sacrifié plus longtemps à l'intérêt, d'ailleurs plus a p p a r e n t que réel, d'une seule culture industrielle, celle du café. Le parti conservateur brésilien qui se trouvait au pouvoir (1871) entreprit alors l'abolition de l'esclavage, qu'il ne p u t compléter que dix-sept ans plus tard, en m e n a n t à bout cette grande œuvre de conservation sociale. On commença par la loi Rio-Branco du 28 septembre 1871 qui déclarait libres les enfants des mères esclaves, et que le premier ministre d'alors, le vicomte de Rio-Branco, obtint par son énergie et son éloquence du parlement brésilien, où elle r e n c o n t r a une forte opposition. Le gouvernement devait logiquement songer dès lors à l'immigration. En c o n d a m n a n t ainsi l'esclavage, il fallait organiser le travail libre, il fallait appliquer des sommes considérables à l'immigration. A partir de 1856 le gouvernement avait de nouveau fait quelque chose pour l'immigration, mais la moyenne annuelle des immigrants arrivés j u s q u ' e n 1872 au Brésil atteignait à peine 10.000. Depuis lors, le nombre des immigrants arrivés a u Brésil ne fit que croître. Nous ne pouvons mieux m o n t r e r ce mouvement ascendant qu'en copiant ici les chiffres que donne à ce sujet la Grande Encyclopédie, d a n s la r e m a r q u a b l e étude sur le Brésil signée par l'éminent M. Emile Levasseur, membre de l'Institut : « Jusqu'à l'année 1872, la moyenne annuelle des immigrants n'a guère dépassé 10.000, quoiqu'une notable augmenta2

i . Inquerito cité.

Par la mentar,

p a g e 23. Le n o m de ce p r o p r i é t a i r e s'y

trouve


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