Le Brésil en 1889. Partie 2

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IMMIGRATION.

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où l'on admire les cultures européennes et où le bien-être et la prospérité des paysans ont frappé les voyageurs qui ont p a r couru cette région. Le résultat de cette colonisation officielle est représenté par un accroissement considérable de la richesse nationale au Brésil, et, ce qui est plus encore, elle a eu une influence morale et civilisatrice sur les districts où elle s'est portée. On ne saurait estimer à leur juste valeur ces bienfaits moraux, mais tout le monde peut en constater l'effet. Il suffit de dire que, dans des régions a u t r e fois inhabitées ou a peine occupées par quelques habitants qui se trouvaient séparées du reste du monde, dans un état d'abandon qui semblait devoir les conduire à l'état sauvage, on compte aujourd'hui près de 250.000 Brésiliens d'origine germanique, dont une partie conservent encore la langue et les m œ u r s de leurs pères et qui, dans leur nouveau milieu, ont beaucoup contribué à l'avancement de la civilisation. Ils ne se bornent pas à être de pauvres cultivateurs; il y a parmi eux des journalistes, des prêtres, des avocats, des m e m b r e s des assemblées provinciales ; u n d'eux est membre de la Chambre des Députés ; un ancien colon de Santa-Catharina a fait partie, par l'élection de toute la province, d'une liste de trois citoyens dans laquelle l'Empereur a dû choisir un sénateur de l'Empire. Voilà les résultats des efforts du gouvernement brésilien d a n s l'application du système de la colonisation officielle. Nous venons d'indiquer rapidement les résultats des premiers efforts du gouvernement pour attirer des immigrants au Brésil et pour hâter de la sorte le peuplement du territoire. L'époque arriva cependant où ce fut le tour des g r a n d s p r o priétaires de faire ce qu'ils pouvaient pour a m e n e r des colons sur leurs terres dont ils voulaient utiliser la valeur. Ceux des grands propriétaires brésiliens qui ont obéi les premiers à cette pensée n'avaient pas en vue leur seul intérêt personnel, qu'ils compromirent assez souvent dans les risques de ces entreprises nouvelles. Ils voyaient loin dans les destinées économiques de leur pays. Dans les terres nouvelles où l'on commençait sur une grande échelle la culture du café, destiné à rivaliser avec la canne à sucre qu'il devait remplacer en partie, l'engagement d'ouvriers libres, quand le planteur était encore presque sûr que les esclaves ne lui m a n q u e r a i e n t pas encore de longtemps, était, de la p a r t du propriétaire, plutôt u n acte de philanthropie et de patriotisme qu'une affaire. Ces proprié-


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