Le Brésil en 1889. Partie 2

Page 150

462

LE

BRÉSIL

EN

1889.

Mais cette question de la concurrence demande de nouveaux développements. En ce moment, la France a surtout devant elle trois concurrents sérieux sur nos marchés : les Belges, les Allemands et les Italiens. Ces deux derniers principalement. L'Italien dispose d'une arme terrible pour l'évincer de nos places. L'Italien émigré. Il émigré tellement que M. Crispi veut y mettre le holà au moyen d'une loi promulguée le 30 décembre 1888. Jusqu'en 1876, on connaissait peu la valeur de l'immigrant italien parmi nous. En ce temps-là, nous n'en recevions pas un millier par an. Or, en 188?, nous en avons reçu 33,000 et, dans le cours de l'année 1888, nous en avons reçu 100.000. Inutile de faire ressortir l'importance de cet exode, non seulement pour le Brésil, qui conquiert de nouveaux bras, mais aussi pour l'Italie qui essaime des clients pour ses produits et pour son industrie, tout en alimentant sa marine marchande et en déversant le trop plein de sa population sur un pays jeune et riche. L'Allemand, lui aussi, émigré, et il émigré beaucoup. Depuis de longues années, il a appris le chemin de quelques-unes de nos provinces du Midi, où le climat est plus tempéré. Quelques centaines de mille d'entre eux se trouvent fixés à Santa-Catharina, à Paranâ et principalement dans le Rio-Grande-du-Sud, où leurs descendants, connus sous le nom de Teutons, sont fort nombreux. Or, non seulement l'Allemand émigré au Brésil, mais encore il y cherche par tous les moyens des débouchés pour son commerce. En 1881, les Allemands ont organisé à Porto-Alegre, chef-lieu de la province de Rio-Grande-du-Sud, une exposition destinée à nous faire connaître les produits de leurs fabriques. Deux ans après, ils ont ouvert à Berlin une exposition de matières brésiliennes, en choisissant de préférence celles qui pourraient être utilisées immédiatement par leur industrie. En 1886, nouvelle exposition à Berlin, où figuraient, cataloguées avec soin, toutes les matières premières de l'Amérique du Sud. Toutes ces tentatives ont été faites par l'initiative privée, sans aucune aide de notre part. Ce n'est pas tout. En 1887, j'ai eu la bonne fortune de parcourir, un peu à la vapeur, il est vrai — sans jeu de mots — treize provinces du Brésil. Dans l'une des plus reculées,- j'ai trouvé trois voyageurs de commerce. Ils étaient tous Français, mais deux d'entre eux


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.