Le Brésil en 1889. Partie 1

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CHAPITRE VII

TRAVAIL

Par

SERVILE

ET

TRAVAIL

LIBRE

M. F . - J . de S A N T A - A N N A N E R Y

La loi n° 3333 du 13 mai 1888 a aboli définitivement l'esclavage dans l'empire du Brésil. Elle n'a pas r e n d u seulement la liberté aux noirs qui restaient encore en servitude, et dont le nombre, d'après une statistique officielle en date du 30 mars 1887, s'élevait à 723.419, évalués à la somme de 485.225 contos, soit, au change de 400 réis pour 1 franc, à plus de 1 milliard 213 millions de francs. La loi d'or — lei aurea, comme on l'a appelée là-bas — a aussi rompu tout lien entre les anciens maîtres et les affranchis ou ingenuos, nés libres en vertu de la loi du 28 septembre 1871, mais qui devaient leurs services j u s q u ' à l'âge de 21 ans accomplis aux maîtres de leur mère. Bien plus : cette loi, en libérant les derniers esclaves et en faisant r e n t r e r d a n s le droit commun les affranchis, a établi implicitement que les uns et les autres devenaient citoyens brésiliens par le fait même de leur libération. Les philanthropes ont le droit de se réjouir de semblables mesures. Les négrophiles peuvent t r i o m p h e r . Les uns et les autres ont raison. Le Brésil a fait g r a n d e m e n t les choses. S'il a été le dernier État chrétien et civilisé qui ait gardé l'esclavage, du moins, en le supprimant, a-t-il élevé les esclaves de la veille au niveau de leurs anciens maîtres, et a-t-il su, par u n e éducation libérale, battre en brèche les préjugés qui, d a n s d'autres pays, ont établi une barrière infranchissable entre les races. Là-bas,


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