Le Brésil en 1889. Partie 1

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La discussion de la réforme avait amené la scission du parti conservateur. Un grand nombre de députés et quelques sénateurs se séparèrent du cabinet et, dirigés par l'ancien ministre Paulino de Souza, ils continuèrent à le combattre jusqu'en 1875. A cette époque le vicomte de Rio-Branco ayant donné sa démission, le duc de Caxias forma u n nouveau ministère (25 juin) qui parvint à rétablir l'union des conservateurs. Une réforme électorale, votée cette même année, tout en maintenant l'élection à deux degrés, qui existait depuis la fondation de l'Empire, établissait le vote incomplet avec le scrutin de liste ; mais l'opposition libérale et un grand nombre de conservateurs, parmi lesquels le baron de Cotegipe et le conseiller Paulino de Souza, réclamaient depuis quelque temps l'élection directe. Du 5 janvier 1878 au 20 août 1883, le gouvernement fut aux mains des libéraux. Leur premier ministère, présidé par le conseiller Cansansão de Sinimbú tenta cette réforme et échoua devant l'opposition des conservateurs au Sénat. Son successeur, le conseiller Saraiva (28 m a r s 1880), réussit à la réaliser avec l'appui du baron de Cotegipe, qui était devenu le chef des conservateurs, et la loi du 9 janvier 1881 établit enfin le suffrage direct, et, pour l'élection des d é p u t é s , le scrutin d'arrondissement. 1

Sous ce dernier ministère un groupe, d'abord peu nombreux, formé d'hommes a p p a r t e n a n t à tous les partis, commença à agiter l'opinion et à demander qu'une date fut fixée pour l'abolition totale de l'esclavage. Il se composait de quelques rares membres du Parlement, entre autres le député Joaquim Nabuco, et de plusieurs journalistes, parmi lesquels il faut citer en première l'émancipation au Brésil, l'abbé Manoel Ribeiro Roeha (1758). En 1810, un magistrat, Velloso de Oliveira, de la province de São Paulo, dans un m é m o i r e adressé à Jean VI, alors prince régent, demandait la liberte des enfants qui naîtraient de mères esclaves. Hippolyte da Costa Pereira, dans le Correio Braziliense (1808-22) signalait l'émancipation graduelle des esclaves c o m m e u n e nécessité pour le Brésil. En 1822, u n député de Bahia, Borges de Barros (depuis vicomte de Pedra-Branca), proposait au Cortès c o n s t i t u a n t e s de Lisb o n n e , sans aucun s u c c è s , u n projet d'émancipation graduelle. En 1825, José Bonifacio de Andrada e Silva publiait u n autre projet d'émancipation prog r e s s i v e . Le 18 mai 1830, Antoine Ferreira França présentait à la Chambre des députés u n projet pour l'émancipation graduelle de l'esclavage, qui devrait finir entièrement le 25 mars 1881, et trois ans après (8 juin 1833), u n autre projet déclarant libres t o u s les n o u v e a u - n é s . La Chambre refusa de discuter ces d e u x propositions. 1. Le maréchal de Caxias, n é à Estrella (province de Rio-de-Janeiro) le 25 août 1803, est mort à Santa-Monica (même province) le 7 mai 1880, Quelques mois après (1 nov.) le v i c o m t e de Rio-Branco (né à Bahia le 16 mars 1816) mourait à Rio-de-Janeiro. er


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