Le Brésil en 1889. Partie 1

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B R É S I L

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1889.

les bords de l'Uruguay. « C'était naguère une des plus belles contrées de l'Amérique méridionale. Ses h a b i t a n t s voulurent se fédérer et commencèrent par se désunir ; chaque village, chaque hameau prétendit faire sa patrie à p a r t ; d'ignobles chefs s'armèrent de tous côtés; la population fut dispersée ou anéantie...» et, à propos du Brésil qu'il « aimait presque à l'égal de son pays », et qu'il comparait aux États-Unis, p r o s p é r a n t sous le régime fédéral, il écrivait : « L'union américaine, et, surtout, l'esprit qui anime les Américains, tendent à rendre chaque j o u r plus compacte la société qui a formée ce peuple, ou, du moins, celle qui se forme dans chaque province. Les Brésiliens, au contraire, ne sauraient établir chez eux le système fédéral sans commencer p a r r o m p r e les faibles liens qui les unissent encore. Impatients de toute supériorité, plusieurs chefs h a u t a i n s de ces patriarchies aristocratiques dont le Brésil est couvert, appellent sans doute le fédéralisme de tous leurs v œ u x ; mais que les Brésiliens se tiennent en garde contre une déception qui les conduirait à l'anarchie et aux vexations d'une foule de petits t y r a n s , mille fois plus insupportables que ne l'est u n seul d e s p o t e . » 1

Pour donner satisfaction aux libéraux monarchistes, partisans de l'autonomie provinciale, des réformes constitutionnelles (Acte additionnel) furent votées en 1834. Les fédéralistes demandèrent alors que les présidents de province fussent choisis par les provinces elles-mêmes ou nommés par le gouvernement central sur des listes de trois noms présentées par les assemblées provinciales; mais la m a j o r i t é eut la sagesse de repousser ces propositions (12 juillet), qui auraient brisé l'unité nationale et seraient devenues la cause de luttes semblables à celles qui ont entravé les progrès de plusieurs États hispano-américains. Après la réforme constitutionnelle, Feijó fut élu régent de l'empire, qu'il gouverna depuis le 12 octobre 1835. Avant son élection, le Ceará avait déjà été pacifié en 1832 à la suite du combat de Missão Velha, et P e r n a m b u c o , en 1835, grâce à l'intervention de l'évêque Perdigão. Le régent Feijó, à son tour, réussit 2

1. AUG. DE SAINT-HILAIRE, Précis de l'histoire des révolutions de l'Empire du Brésil, faisant suite à son Voyage dans le district des Diamants, Paris, 1832. 2. 62 voix contre 25. La majorité a été formée surtout par les députés de Rio de Janeiro, São-Paulo et Minas. Parmi les députés qui repoussèrent c e s propositions se trouvaient Evaristo da Veiga, Vasconcellos, Carneiro Leão (Paraná), Araujo Lima (Olinda), Custodio Dias, Alvares Machado, Rodrigues Torres (Itaborahy).


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