Le Brésil en 1889. Partie 1

Page 179

148

LE

BRÉSIL

EN 1 8 8 9 .

Pendant le règne de Jean V, plusieurs Brésiliens accusés d'hérésie furent poursuivis, envoyés à Lisbonne et brûlés par l'Inquisition. L'évêque de Bio-de-Janeiro, François de Sam Jeronymo (1702-1723), s'est distingué particulièrement dans ces persécutions. Un Brésilien, qui habitait Lisbonne, Antoine-Joseph da Siva, natif de Rio-de-Janeiro, était le premier poète dramatique du Portugal à cette époque. Ses opéras-comiques devinrent très populaires, mais ses succès d'esprit lui valurent d'être brûlé par l'Inquisition, à Lisbonne, le 18 octobre 1739. Les premiers signes de la rivalité entre les natifs du Brésil et les Portugais européens se montrèrent au commencement du XVIII siècle, dans la ville de Rio-de-Janeiro, en 1704, où les naturels du pays battirent la liste des Portugais européens aux élections municipales; à Minas-Geraes, par la guerre civile nommée des « Emboabas », dont il a été déjà question (1708-1709) ; et à Pernambuco, par celle des « Mascates », entre les habitants d'Olinda et ceux de Recife (1710-1711). Vers la même époque il y eut des troubles à Bahia (1711), et en 1720 une rébellion promptement comprimée éclata à Villa-Rica (Ouro-Preto) contre le gouverneur, le comte d'Assumar, qui accusa les révoltés de vouloir créer un gouvernement républicain, dont le général retraité Veiga Cabrai, l'ancien défenseur de Colonia, devait être le chef. Veiga Cabrai fut envoyé à Lisbonne où il est mort en prison, et un des tribuns de la révolution, Filippe dos Santos, fut pendu et écartelé à VillaRica. e

Les lois du 6 juin 1735 et du 8 m a i 1758 proclamèrent la liberté complète des indiens du Brésil. Presque en même temps Dom Joseph I et Pombal défendaient l'introduction d'esclaves dans le Portugal, les Açores et Madère (19 septembre 1761 ; 1767, 1776) et déclaraient libres les nouveau-nés (16 janvier 1773). Ces lois ne visèrent pas le Brésil, où le nombre des esclaves continua à augmenter par la traite et les naissances, malgré les idées généreuses et humanitaires prêchées dans un livre publié en 1758 par l'abbé Manoel Ribeiro Rocha, avocat à B a h i a . En 1794 et en er

1

1. Ethiope resgatado, empenhado, sustentado, corregido, instruido, e libertado, Pelo padre M A N O E L RIBEIRO R O C H A , lisbonense, domiciliario da cidade da Bahia, e nella advogado, e backharel formado na universidade de Coimbra. Lisbonne, in-8 , 1758. D a n s ce l i v r e R o c h a d e m a n d a i t q u e t o u t e s c l a v e fût r e n d u à la liberté a p r è s u n t e m p s d e s e r v i c e suffisant p o u r i n d e m n i s e r le m a î t r e , et q u e l'es e n f a n t s de f e m m e s e s c l a v e s , n a i s s a n t l i b r e s (ingenuos), ne fussent astreints a s e r v i r les m a î t r e s de l e u r s m è r e s q u e j u s q u ' à l'âge de q u a t o r z e ou q u i n z e ans. o


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.