Les aventures de Robin Jouet. Guyane française.Partie 2

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LES

AVENTURES

comme je l'étais, j'avais dû patiemment attendre sa mort par immersion avant de le haler contre mon radeau. Une fois l à , je lui avais coupé mon dîner, c ' e s t - à - d i r e de quoi faire une soupe. J ' e n avais jeté un morceau à mes singes, un quartier aux oiseaux, et j'avais laissé le reste à Porthos. Avec sa voracité ordinaire, dom pourceau

fit place nette du t o u t , l'ha-

meçon compris. Or c'était un gros hameçon

avec

chaînette : mon vorace compagnon se l'entra dans le palais, je crois, à la nature des grimaces et des efforts que je lui vis faire. Il était trop inhabile de ses pattes pour se tirer de peine, et moi trop faible pour l'assister. Après une agonie de deux mortelles h e u r e s , pendant lesquelles il aggrava encore sa blessure avec le cadavre d'un des perroquets qu'il essaya de m a n g e r , je le vis hoqueter, s'étendre et mourir. Les oiseaux trépassèrent en détail, les uns pendant le premier j o u r , les autres le lendemain, à compter de la journée où il ne me fut plus possible de leur donner autre chose que de la viande salée. Au m o m e n t où, désespérant tout à fait de les laisser à personne ou de les pouvoir n o u r r i r , j'ouvris leur volière, il n'y avait plus de vraiment debout q u ' u n jacami. La pauvre bête, arrivant à m a vue plutôt qu'à la liberté que je lui r e n d a i s , s'en vint encore becqueter dans ma


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