Les aventures de Robin Jouet. Guyane française.Partie 2

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DE R O B I N

JOUET.

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Le douzième j o u r , dans l ' a p r è s - m i d i , mon heure me p a r u t approcher. Depuis la veille déjà je ne p o u vais plus ni m a r c h e r , ni me traîner m ê m e appuyé. Je donnai liberté complète à tous mes animaux. Mais, hélas! malheureuses bêtes, il était trop tard.

Fati-

gués de ne pas m a n g e r à leur g r é , car, n'ayant plus la force de p ê c h e r , je ne leur donnais plus que de la viande salée : fatigués surtout de ne pas m a n g e r à leur faim : affamés et malades eux aussi comme l'égoïste maître qui ne les avait pas libérés assez tôt, ceux qui n'étaient pas morts se mouraient. Pauvres bêtes! je les verrai bien longtemps comme je les ai vues ce jour-là pour la dernière fois. Les singes, lorsque j'eus coupé leurs attaches, essayèrent de g a g n e r les branches de l'arbre auquel mon radeau était a m a r r é . L'un d'eux m ê m e y réussit, e t , tout épuisé qu'il était de maladie ou de faim, réussit à grimper sur une branche transversale. Mais là ses forces le t r a h i r e n t , il t o m b a sur le bord du r a d e a u , puis au fleuve où le courant l'entraîna. L'autre ne parvint m ê m e pas à se lever. Porthos, lui, était mort de gloutonnerie, le cinquième j o u r de mon entrée en rivière. J'avais pris, ou plutôt s'était pris de lui-même à l'hameçon , un gros poisson pesant au moins trente livres. Faible 20


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