LES
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AVENTURES
était enfoncée dans la boue de près d'un pied. Les vingt-cinq à trente oiseaux qu'elle contenait, montés sur leurs plus hauts perchoirs , se tenaient dans une immobilité en
silencieuse, au lieu de courir à terre
b a v a r d a n t selon leur coutume. Mon s a n g l i e r ,
que j'attachais depuis quelques j o u r s à cause
d'un
j a g u a r que j'avais vu rôder sur l'île, était dans la vase jusqu'au ventre et s'y délectait d'une
façon
béate. Enfin un jeune tapir, capturé de l'avant-veille et attaché à un tronc voisin, se tenait debout, appuyé à son arbre sur ses pattes de d e v a n t , tandis que ses j a m b e s de d e r r i è r e , enfoncées dans le sol j u s q u ' a u x cuisses, semblaient soudées sur place. Je regardai du côté de la plaine. Sur les limites de mon massif, quelques arbrisseaux debout la veille encore étaient couchés à terre. Avec p e i n e , en enfonçant dans le sol à chaque p a s , j'arrivai j u s q u ' à eux sur la prairie m ê m e . L à , une scène de désolation qui est restée fichée dans mon souvenir s'offrit à m a vue. Aussi loin que je pouvais voir, la plaine était toute semée de flaques d'eau. Dans sa partie basse, à la place du lac, un large torrent s'était formé, roulant une eau terreuse, chargée d'herbes et d'arbres. Deux des massifs voisins, que j'avais laissés la veille au soir