DE
ROBIN
JOUET.
203
en cage, des k i n g ' s - c h a r l e s de c h a m b r e , presque des enfants. Ils faisaient le c h a r m e de m a vie solitaire, et, pendant les j o u r s de pluie, nous avions ensemble de g r a n d s dialogues, entretenus chez eux peut-être p a r des espoirs gastronomiques, mais pas chez moi. Dans l'état normal de mon existence, j'eusse jeûné
plus d ' u n j o u r plutôt que de tuer
un seul d'entre eux ; et si , poussé par la faim , j'avais commis semblable p h i l o p h a g i e , je crois, en vérité, que mon estomac lui-même eût éprouvé des remords. Hélas! qui m ' e û t dit alors que bientôt tout cela devait m o u r i r en m a compagnie! Oui, tout : et ces canards j a s e u r s , qui parfois m e pondaient des œufs comme des poules; ces doux hoccos, aux petits cris mélancoliques me rappelant les piou piou des pierrots de nos rues; ces agamis au beau p l u m a g e , dont j ' a i m a i s tant l'esprit d'ordre et la familiarité sympathique. T o u t , j u s q u ' à mes singes et m o n sanglier l u i - m ê m e , avec sa bonhomie sans v e r g o g n e , maître P o r t h o s , comme je l'avais s u r n o m m é , ce bon valet qui supportait si bien mes bourrasques, pourvu qu'il eût toujours son quartier de viande ou ses ananas. Il devait périr comme les autres, malgré sa mine bien aise, son œil vif, son ventre r o n d ,
ses