Les aventures de Robin Jouet. Guyane française.Partie 2

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LES

AVENTURES

Toutefois la vue de ce grand désordre de la nature m'inspirait u n désir de plus en plus vif d ' a b a n donner ces contrées mal assises, où la t e r r e ,

pas

plus que l'Océan, ne restait en repos. Je me promis de partir dès le lendemain , si le vent et l'état de la m e r me le permettaient; c a r , lorsqu'on n ' a pour tout navire q u ' u n radeau attaché avec des lianes, on ne s'embarque pas comme sur un bateau à vap e u r , sans s'inquiéter du temps. Tout en retournant à m a cabane, je me mis à r u m i n e r les préparatifs de mon prochain départ avec u n esprit si absorbé que j'oubliai de tuer quelque chose pour dîner. Il était nuit pleine lorsque j'arrivai à mon domicile. J'avais faim, et mon buffet ne contenait pas ce qui s'appelle un radis bon à me mettre sous la dent. J'allai visiter mes collets les plus voisins : ils étaient vides. Je me décidai, quoique à r e g r e t , à m ' a t t a quer à m a basse-cour. Cela ne m'était jamais a r r i v é , parce q u ' a u t a n t je tuais des animaux sauvages sans m ê m e penser à m'apitoyer sur leur sort, autant j ' a u r a i s eu de répugnance à égorger des animaux nourris et éduqués par moi. J a m a i s on n ' a vu ménagère à serins m a n g e r ses élèves ; or mes agamis , mes singes, etc., tout cela pour moi n'était à bien prendre que des serins


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