Les aventures de Robin Jouet. Guyane française.Partie 2

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DE

ROBIN

JOUET.

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pris cette direction , que la plupart d'entre e u x , tous p e u t - ê t r e , étaient coutumiers de la route. Chaque soir, un peu avant la tombée de la n u i t , ils quittaient leurs roseaux, traversaient le l a c , et venaient m a n ger sur notre grève les débris de nos pêches ou de nos repas; puis, au j o u r naissant, ils retournaient à leurs marécageux repaires. A deux ou trois reprises, soir ou m a t i n , pendant les premiers temps de mon arrivée, on m'avait montré plusieurs d'entre eux nageant à fleur d'eau en vue de notre cabane. Une fois, entre a u t r e s , u n lendemain de g r a n d e p ê c h e , j'en avais compté plus de cinquante. On eût dit une meute traversant un étang. Mais à ce m o m e n t mon esprit était porté sur toute autre idée que celle des caïmans, et mes regards, empreints des préoccupations de m o n cerveau, voyaient comme on voit toujours sous le n u a g e d'une idée fixe, c ' e s t - à - d i r e voyaient mal. Rien ne ressemble plus à des troncs d'arbres en mouvement que des caïmans n a g e a n t à fleur d'eau : je ne quittais le Portugais ni du r e g a r d , ni de la pensée; je ne voyais que troncs d'arbres entraînés en pleine e a u , c o m m e celui qui le portait. Peu à peu le vaste croissant des canots avait enserré les caïmans dans son demi-cercle. Tout d'abord


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