DE
ROBIN
JOUET.
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traitant de son espèce me proposait un j o u r : à savoir, de faire tuer un I n d i e n , pour boucaner sa tête et me la vendre comme curiosité du pays. Les émigrants portugais établis au Brésil sont trop souvent les tourmenteurs patentés des indigènes. Tout ce que les Brésiliens purs s'interdisent de faire ou n'osent pas commettre p a r leurs propres m a i n s , l'émigrant portugais l'exécute sans p u d e u r . Il est venu en Amérique pour faire fortune;
aucune besogne ne le r e b u t e ,
aucune p u d e u r ne l'arrête; rien n'est mal à ses yeux pour réussir. Il n'est p e u t - ê t r e pas un d'eux q u i , à l'occasion, ne vendrait son â m e , si comme au moyen âge l'enfer achetait encore des â m e s , et si quelqu'un de ces mécréants avait encore la sienne. C'est le vautour fait h o m m e . L ' é m i g r a n t dont il s'agit s'en allait donc accomplir une de ses œuvres ordinaires de ténèbres, en compagnie de deux nègres et sous l'escorte attardée d'une troupe de soldats brésiliens. Comme il passait en canot le long d'une rive du fleuve, reconnu
par un des Urucuyennes de
il fut
l'Oyapock.
L'Indien avait été personnellement rançonné p a r cet homme;
il résolut de le prendre vivant, et de le
conduire à la colonie du lac Manaye, où se trouvaient m o m e n t a n é m e n t quelques familles de sa t r i b u ,