Les aventures de Robin Jouet. Guyane française.Partie 2

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LES

AVENTURES

de m a nature est de ne me décider que lentement à m ' e n aller d'où je suis , je temporisais. Tantôt je prétextais v i s - à - v i s de m o i - m ê m e de l'état de la m e r ou du v e n t , qui ne soufflait pas vers la côte d'une manière assez suivie; tantôt, ne trouvant pas mon radeau suffisamment complet pour le voyage, je combinais quelque nouveau g r é e m e n t . Si bien que les j o u r s , les s e m a i n e s , puis les mois m ê m e coulaient, et que je ne partais point : pauvre m è r e ! Mais c'est mon sort, et je dois le suivre, d'attendre p a t i e m m e n t pour tous les actes importants de m a vie l'heure m a r q u é e p a r la Providence. Tout me va de s o i - m ê m e alors; sinon tout m'échoue. Un phénomène i m p r é v u , quoique fréquent dans ces parages, vint me m a r q u e r mon heure et me faire partir dans la journée m ê m e de l'événement. Un peu par p a s s e - t e m p s de solitude, mais surtout en vue de réaliser mon idée fixe de d é p a r t , j'avais fait de m o n arbre-observatoire une sorte de phare diurne. Je lui avais piqué des chevilles et installé une r a m p e de lianes qui tournaient autour de son tronc depuis la terre j u s q u ' a u sommet ainsi q u ' u n véritable escalier. Dans son bouquet de feuilles, à son faîte, j'avais établi une sorte de fauteuil composé de cinq ou six lianes, entre lesquelles je m'asseyais comme


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