DE
ROBIN
JOUET.
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Mais pas plus Nellé que son mari n'étaient faits pour la vie civilisée. La jeune Indienne reconnaissait elle-même que les sœurs étaient bien bonnes, et qu'on menait dans leur couvent u n e existence a u t r e m e n t heureuse que sous la forêt; elle se souvenait de ce temps avec u n e joie d o u c e , comme on se souvient d'une captivité bienveillante. Mais la d e m i - d o m e s ticité que le j e u n e couple subissait répugnait à tous ses instincts : il lui fallait servir des étrangers de passage et vivre avec les esclaves nègres. Nellé et son mari regrettaient incessamment leur fière liberté. Les sœurs, instruites par de fréquentes expériences de ce genre et devinant les sentiments secrets de leurs catéchumènes, avaient conçu le projet de les envoyer en F r a n c e , pour les soustraire sans retour à leurs instincts de sauvagerie. Mais l'Urucuyenne avait éventé le projet des s œ u r s ; le soir m ê m e les deux é p o u x , e m m e n a n t
avec eux
leurs
enfants,
avaient passé p a r - d e s s u s les m u r s du couvent et s'étaient enfuis, mêlant leurs pistes,
afin
que nul ne
pût les suivre. Après avoir erré p e n d a n t quelques mois sous la forêt, ils étaient arrivés à l'établissement demi-indien que de Ricard possédait alors sur le h a u t Oyapoch. Au bout d'un séjour pacifique de quelques mois