Les aventures de Robin Jouet. Guyane française.Partie 2

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LES

AVENTURES

maient contre le courant un r e m p a r t véritable. Ainsi, lorsqu'une foule suit une grande artère de ville, les rues adjacentes à cette artère peuvent servir d'observatoires que la foule en m o u v e m e n t ne fait qu'effleurer. E n raison de la direction du flot, j'étais dans une rue adjacente

à l'avalanche, d'où je pouvais tout

voir sans être emporté. J'abattis quelques branches qui gênaient m a v u e , et me trouvai comme dans une stalle d'orchestre, avec l'Océan pour acteur et pour scène. A partir de ce m o m e n t j'oubliai tout pour regarder. L o n g t e m p s , pendant une heure ou plus — je l'ignore tant j'étais absorbé — ce flot de mort déferla devant moi, ne charriant que des débris. Mais peu à peu la scène changea. Les arbres arrivèrent. Bientôt ils devinrent si nombreux qu'on ne voyait plus qu'à peine la m e r qui les portait. On eût dit une forêt sans fin naviguant à fleur d'eau. Presque tous étaient en feuilles, chargés de b r a n c h e s , et à la monotonie de leur verdure je reconnus des palétuviers. P e n d a n t longtemps, leur avalanche uniforme déferla ainsi, sans autre bruit q u ' u n sifflement analogue à celui du vent dans les sapins. C'étaient les bruits combinés de la brise et du flot passant à travers ces torrents d'arbres. A p a r t cela, rien ne troublait


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