354
LES
AVENTURES
ou affectée. A tous les titres et sans conteste, il jouissait dans la colonie d'un pouvoir q u i ,
pour
n'être pas aussi tangible que celui de son neveu, n'en
était que plus fort,
comme tout ce qui est
occulte. De m ê m e que la république d ' A n d o r r e , qui n'est ni espagnole, ni française,
tout en étant l'une et
l'autre, ladite colonie n'était, à proprement parler, ni française ni brésilienne. Située dans cette vaste partie du pays guyanais qu'on n o m m e le territoire contesté entre le Brésil et nous, elle était tantôt nôtre, tantôt brésilienne, selon que ses habitants revenaient de Cayenne ou de Belem. D'ailleurs cela leur était bien égal; pourvu qu'ils trouvassent du poisson sous l'eau, du tafia de temps à a u t r e , la liberté toujours, ils se souciaient de leur nationalité comme l'aigle des nues se soucie de nos frontières humaines. Enfin, sous le rapport religieux, ce couronnement indispensable de tout édifice social, la colonie était divisée en deux c a m p s , auxquels il ne m a n q u a i t cependant pas grand'chose pour s'entendre. Les u n s , les Indiens purs, n'avaient g u è r e , en fait de croyance générale, q u ' u n e vague idée d'un g r a n d E s p r i t , dispensateur souverain d'une vie future
de
chasses,
d ' a m o u r et de tafia. Les autres prétendaient être