Les aventures de Robin Jouet. Guyane française.Partie 2

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DE R O B I N

JOUET.

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Le chef latent, mais réel, de la troupe était son oncle, ou plutôt l'oncle de sa f e m m e , le d e v i n - m é decin qui me soignait. Tous les autres, y compris son neveu l u i - m ê m e , n'étaient en réalité que ses travailleurs libres, sans qu'il y p a r û t et sans qu'il daignât en profiter, mais ses travailleurs quelconques. Unique et dernier descendant de la tribu des Oyamp i s , jadis toute-puissante, aujourd'hui presque disp a r u e , il vivait sans patrie ni domicile, nulle p a r t , hier chez les U r u c u y e n n e s , demain chez les Amicobanes, toujours e r r a n t , mais chez lui partout. De Cayenne à Belem, de l'Amazone au M a r o n i , nul n'était plus savant du pays, de ses ressources et de ses habitants. Indien p u r de sang et de cœur, viril encore, profondément sagace et voyant de loin, il menait tout sans en avoir l'air. C'était

merveille

comme il était habile à faire parler tour à tour le grand Esprit et la médecine, à défendre ou ordonner certaines pratiques religieuses indo-catholiquesnègres qu'il exécutait l u i - m ê m e à l'occasion. On le consultait avant tous pour les pêches, les chasses, les affaires, les maladies ; et il donnait à chacun quelque conseil utile, avec un désintéressement p e r sonnel absolu, mais comme indifférent pour t o u s , presque

dédaigneux à force d'impassibilité 23

réelle


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