Les aventures de Robin Jouet. Guyane française.Partie 2

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LES

AVENTURES

d ' u n besoin à satisfaire, de n'agir j a m a i s qu'au gré de leurs mobiles fantaisies. Enfin cinq ou six familles de m u l â t r e s , plus nègres que blanches, mais presque toutes nuancées

d'In-

dien, comme mes hôtes, complétaient la colonie. On pouvait dire de ces derniers q u e , malgré leur intelligence généralement inférieure à celle des Indiens p u r s , ils représentaient cependant la civilisation par les besoins, les vices, les prétentions, et surtout la vanité démesurée. Certes le b l a n c , nous autres enfin, — pour dire la vérité entre nous, — sommes passablement pétris de vanité;

mais u n blanc

doublé

d ' u n nègre , c'est l'idéal de la vanité h u m a i n e ! Ce bizarre assemblage formait sur le lac Manaye une sorte de république a n o r m a l e , sans chef reconnu, sans organisation d'aucune sorte, sans autres règles que celles du caprice de chacun. C e p e n d a n t , comme toutes les sociétés h u m a i n e s , cette république n'en avait pas moins des chefs réels, des g o u v e r n a n t s quelconques, l'un ostensible, l'autre secret, auxquels on obéissait sans le savoir g é n é r a l e m e n t , mais d'une façon ou d'une autre. Le chef ostensible, celui qui avait établi la pêcherie , commerçait pour les a u t r e s , leur vendait

des

marchandises, emmagasinait le poisson, etc. etc.,


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