Les aventures de Robin Jouet. Guyane française.Partie 2

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DE

ROBIN

JOUET.

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Ma maladie, toute grave qu'elle était, me laissait le libre exercice de mes facultés intellectuelles : je n ' a vais pas autre chose à faire qu'à regarder ce qui se passait autour de m o i ; je regardais. P e n d a n t les premiers j o u r s , mes y e u x , éblouis de nouveautés, ne surent tout d'abord où se fixer. De p l u s , m a vanité

d'Européen me faisait

tout voir

par un prisme t r o m p e u r . Je ne percevais m ê m e pas bien le côté matériel de la vie de mes hôtes. La richesse naturelle de leur p a y s , leur caractère d'insouciance si philosophique et si grandiose, leur vie presque sans besoins comme sans désirs : tout cela m'échappait. Je ne voyais qu'une chose : c'est que ces pêcheurs étaient les plus misérables, donc les plus malheureux des h o m m e s ;

des êtres d'une espèce

inférieure à la m i e n n e , presque des singes, qui ne valaient pas d'occuper l'attention d ' u n civilisé comme moi ! P a u v r e vaniteux ignorant que j'étais! Comme si la libre sauvagerie du désert n'offrait pas d'aussi féconds enseignements que la civilisation servile de nos fourmilières humaines ! Mais peu à peu mes sentiments chrétiens reprirent le dessus de m a vanité. Je compris que ces pêcheurs misérables étaient des hommes comme m o i ,

mes


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