DE
ROBIN
JOUET.
75
qui pouvait être aussi bien un nuage qu'une terre. Cependant ce qui me donna bon espoir,
c'est
qu'en avant de cette bande , entre elle et m o i , la mer unie à la façon d'une glace, et comme abritée du vent, semblait refléter cette b a n d e n o i r â t r e , par places inégales. Mais la nuit se faisait r a p i d e ; déjà vers l'orient quelques étoiles apparaissaient
blan-
châtres et pâles. Je redescendis de mon arbre en toute h â t e , afin de gagner au plus vite cette terre véritable ou fausse et de voir ce qu'elle était avant la fin du j o u r . Mais hélas! une fois à terre , c'est-àdire à l ' e a u , je ne distinguai plus rien du tout. Malgré cela, je me mis en r o u t e , sans trop réfléchir à ce que je faisais, emporté p a r mon immense désir de trouver enfin un sol. Mais au bout d'une centaine de pas au p l u s , mal me prit d'avoir agi sans réflexion. J'allais toujours, sans r e m a r q u e r q u ' à partir de cet endroit on ne voyait plus à l'horizon aucun arbre échoué, et que l'eau devenait de plus en plus profonde. Elle me m o n t a rapidement j u s q u ' à la ceinture , puis j u s q u ' a u x épaules. Enfin je perdis pied tout à fait. Cela ne m ' e m p ê c h a pas de continuer ma route. Mais une fois à la nage , je rencontrai
un
courant qui me prit et commença de m ' e n t r a î n e r au large, en pleine m e r , dans une direction opposée à