Les aventures de Robin Jouet. Guyane française. Partie 1

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LES

AVENTURES

encore de deux à trois pieds, je devais tomber fatal e m e n t , soit par m a propre fatigue, soit p a r le choc de quelque tronc d'arbre. J u s q u ' à ce m o m e n t , j'avais trouvé moyen de les éviter d'une manière ou d'une a u t r e , et m'étais maintenu à mon poste malgré m a lassitude. Mais à mesure que l'eau montait le péril croissait d'instant en instant, et bien loin que le sentiment du danger me mît en état d'y faire face, la fatigue, l'effroi et surtout le glacement de l'eau paralysaient de plus en plus mes forces physiques et morales. J'avais, pendant les premiers m o m e n t s de cette inondation, avisé au lointain, dans la direction du c o u r a n t , un arbre dont les hautes branches plus élevées que m a racine pouvaient m'offrir une dernière chance de salut. Je m'étais dit q u ' a u m o m e n t où les eaux me gagneraient à ce point que je ne pourrais plus t e n i r , je m'accrocherais au premier débris qui passerait à portée de moi, pour tâcher de g a g n e r ainsi cette espèce de sommet surdiluvien. Mais déjà j e n'avais plus la force d'exécuter mon projet, et, la tête p e r d u e , j'attendais avec une résignation passive l'heure de m o u r i r . Enfin, presque s u b i t e m e n t , la m e r d i m i n u a de vitesse et cessa de monter. La marée était faite; j'étais sauvé une seconde fois.


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