Les aventures de Robin Jouet. Guyane française. Partie 1

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DE

ROBIN

JOUET.

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à me voir entraîné par le flot qui mugissait à mes pieds, et cette fois noyé sans ressource. P e n d a n t une g r a n d e heure environ , la mer monta ainsi, de plus en plus boueuse et chargée de débris végétaux de toute espèce. Je sentais m o n arbre frémir à chaque v a g u e , et la haute racine sur laquelle j'étais assis tremblait comme ces perches de pêcheries qu'on voit osciller au flot dans le lit des rivières. P a r intervalles, u n arbre emporté au courant passait à côté de moi, et en passant heurtait m o n tronc de refuge. Alors un choc violent m ' é b r a n l a i t à me faire t o m b e r . Je me cramponnais plus fort à m a racine, et par intervalles je jetais u n regard de regret désespéré sur mes a r m e s , ma malle, mon sac et tous mes débris de naufrage que l'eau gagnait peu à peu. Déjà mon

fusil de munition s'était décroché au

choc d ' u n a r b r e et était tombé à la m e r . Mon autre fusil avait sa crosse noyée j u s q u ' a u x gâchettes; et je ne voyais

plus m a m a l l e , entièrement recouverte

qu'elle était par les vagues. Comme je me tenais cramponné à la plus haute r a c i n e , mais les pieds sur une racine inférieure, j'avais m o i - m ê m e de l'eau jusqu'au-dessus du ventre. En un espace de temps qui m'avait semblé moindre d'une h e u r e , la m e r était montée de plus de deux mètres. Si elle montait


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