LES
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AVENTURES
l'animal. Je me mis simplement le long du basting a g e , le fusil à l'épaule, prêt à faire feu. Le capitaine , les officiers et les hommes de la compagnie connus pour les meilleurs tireurs en firent a u t a n t , et nous attendîmes. Le requin p a r u t d'abord ne pas donner plus d'attention à cette amorce q u ' a u morceau de lard du matin. Un q u a r t d'heure passa ainsi. La nuit descendait rapide et on n'y voyait déjà plus que bien juste pour pouvoir tirer avec certitude. Les officiers, fatigués d ' a t t e n d r e , étaient allés dîner, et nous n ' é tions plus que trois q u i , assis le long du b o r d , nos fusils aux b r a s , faisions sentinelles sur l'ennemi. Enfin le requin p a r u t se mettre en m o u v e m e n t , comme s'il avait tout à coup découvert quelque chose. Il remonta plus rapide q u ' u n e flèche, j u s q u ' à la surface de la m e r , sous le m a n n e q u i n . L à , comme la première fois pour notre pauvre Matthieu, il s'éloigna u n p e u , se retourna et arriva le ventre en dessus, presque à fleur d ' e a u , jusque contre sa proie. A ce m o m e n t , mes camarades et moi nous l â châmes simultanément tous nos coups de fusil. Le ventre du monstre se détachait blanchâtre sur le bleu de la mer, presque sous nous. Autant que nous pûmes voir dans l'eau et avec aussi peu de temps