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LES
AVENTURES
moindre bruit de l'eau les attire. L ' h o m m e , ce grand destructeur, qui partout où il arrive fait le désert autour de lui, n ' a pas encore dépeuplé ces contrées vierges. Les a n i m a u x et les végétaux y pullulent comme en plein paradis terrestre. Poisson et v e n a i s o n , je mangeais le tout tantôt rôti, tantôt bouilli dans l'eau. J'avais fabriqué, tant bien que m a l , avec de la glaise, quelques pots de diverse n a t u r e , entre autres une variété de m a r m i t e allant au feu et u n alcarraza véritable, où je faisais reposer et rafraîchir m o n eau à boire. Grâce à cela, je mettais, non pas la poule, mais le perroquet au p o t , deux ou trois fois par semaine. De temps à a u t r e , je me permettais m ê m e quelque sauce extra, avec de la graisse de t o r t u e , qui fait u n
beurre
excellent, des œufs de mouette et une variété de piment rouge que j'avais trouvée sous forêt.
Bref,
avec m a venaison, mon poisson, m o n gibier, quelques tortues rencontrées de temps en temps et des huîtres à discrétion, je ne vivais pas trop mal. Mais il y avait plusieurs choses q u i , dans commencements s u r t o u t , me faisaient
les
souvent re-
gretter l'existence civilisée : les privations absolues de p a i n ,
de vin et de liqueurs quelconques.
Ma
bouteille de r h u m n'avait pas duré longtemps, comme