DE
ROBIN
JOUET.
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tomba sur les bords du lac, où je le confiai aux poissons qui firent comme les mouettes. Ma chemise orna fidèlement mon individu pendant les deux premiers j o u r s ; après q u o i , sous les frottements réitérés de mes travaux divers, surtout dé mes ascensions aux arbres, elle prit en détail le chemin que prend toute chose, Q u e p r e n d la feuille d e r o s e E t la feuille d e l a u r i e r .
Il résulta de là q u e , pendant plusieurs j o u r s , je fus à peu près réduit à mon chapeau pour tout costume. Le lendemain m ê m e de la journée où je déterrai mes effets, c'est-à-dire de quoi me vêtir a m p l e m e n t , je fis une toilette magnifique. J'en avais besoin; car je n'oublierai de m a vie la figure et le corps que j'aperçus ce matin-là dans le miroir de m a trousse de voyage. Quinze jours passés en plein a i r , au soleil de l'équateur ou sous les a r b r e s , à mener la dure vie que je menais, avaient fait de moi quelque chose de fantastiquement sauvage. D'abord, j'étais de la tête aux pieds oint de t e r r e , grâce à l'eau vaseuse dans laquelle je me baignais sans cesse. De p l u s , j'étais aussi noir qu'une jeune t a u p e , et peigné comme on l'est au sortir d'une journée de pleine eau. Un vrai macaque enfin, sauf le poil.