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LES
AVENTURES
Je me servais d'une de mes rames comme d'un croc, e t , tant bien que m a l , l e n t e m e n t , en déviant de temps à a u t r e , mais sans perdre m a route, je côtoyais le banc. Au bout de ce t e m p s , le courant devint tellement fort, qu'il me fallut m ' a r r ê t e r , à peine d'être emporté et jeté violemment sur quelque tronc naufragé. Je cherchai l'arbre le plus élevé des envir o n s , et m'y attachai de mon mieux. Comme je nouais mon
a m a r r e , je crus recon-
naître , à une centaine de pas de m o i , la racine au h a u t de laquelle j'avais passé toute une marée. Aussitôt, dans mon enthousiasme
de réussite , je
voulus quitter l'arbre auquel je m'étais attaché, pour aller retrouver mon ancienne connaissance ; mais je faillis être emporté au courant. Si une liane qui flottait à la mer à quelques mètres de mon tronc d'ancrage et tenant à lui comme un câble t r a î n a n t , ne s'était pas rencontrée dans mes eaux, où je la saisis, j'allais en pleine dérive. T a n t bien que m a l , je m'attachai de nouveau à l'arbre que je venais de quitter, bien qu'il fût déjà presque entièrement recouvert par les flots et
me
parût d'une solidité médiocre. L à , peu à p e u , me sentant chez moi, pour ainsi dire, je repris confiance. Nous mangeâmes chacun u n morceau avec un grand