Les aventures de Robin Jouet. Guyane française. Partie 1

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LES

AVENTURES

Q u a n t aux huîtres, elles étaient très-bonnes, quoiq u ' u n peu fades. Je les trouvais à marée b a s s e , sur les racines des palétuviers, où il y en avait çà et là des bancs considérables. Leurs coquilles, de formes diverses, étaient amoncelées en désordre apparent et coagulées ensemble, comme les verrues d'un arbre malade. J e ne pouvais les détacher les unes des autres qu'à l'aide de bouts de bois et souvent avec efforts, tant elles étaient, pour ainsi dire, soudées par blocs. Tantôt crues, tantôt cuites sur les c h a r b o n s , elles me fournirent d'assez bons repas, et avec les tortues, ce fut ce que je trouvai de meilleur dans les Guyanes, p e n d a n t toute la durée de mon séjour sur la côte de ce pays. Ces coquillages me furent du plus grand secours, et si je suis resté aussi longtemps dans mon île, c'est à eux en partie que je dois d'avoir pu le faire. Outre la n o u r r i t u r e saine et facile qu'ils m'offraient, leurs écailles étaient sans prix pour moi, non point à cause de leurs beautés ou de leurs perles, dont elles manquaient d'ailleurs, mais parce qu'elles me servaient à la fois de plats, d'assiettes, de carafes, de verres, de cuillers, et, pendant les premiers t e m p s , de batterie de cuisine, n o t a m m e n t de marmites. Or il faut avoir été privé de tous ces objets d'une façon absolue,


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