Les aventures de Robin Jouet. Guyane française. Partie 1

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DE

ROBIN

JOUET.

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Tout d'abord je m'occupai de chasser un peu , et de goûter un à un chacun des animaux de mon île. Jusqu'à ce m o m e n t je n'avais encore m a n g é , en fait de gibier, q u ' u n canard monstrueux, tué le surlendemain de m o n arrivée, et quatre singes d'espèces différentes, il est vrai, mais du singe toujours. Je voulais interrompre le moins possible mon travail de constructeur, et, afin de retourner plus vite à ma besogne, je mangeais sur le pouce, et me contentais d'un débris de la veille au soir ou du matin. Or cela me faisait sept ou huit repas de suite au singe : les macaques de mon île eussent-elles été des ortolans, ce qu'elles n'étaient pas, j'eusse éprouvé le plus vif désir de changer de nourriture. Mon captif l u i - m ê m e en était las. Dédaignant ce mets que tout d'abord il avait aimé cependant j u s q u ' a u point de risquer sa vie pour l u i , il ne mangeait plus que de l ' a n a n a s , des sauterelles et des araignées, qu'il attrapait avec une dextérité peu commune. Presque en sortant de chez m o i , je tuai un magnifique ara. Cela me fit u n déjeuner; mais de m a vie je n'ai goûté quelque chose de plus coriace. Il n'y a pas de vieux coq au monde qui puisse rivaliser avec cet oiseau en fait de dureté. Je ne l'en mangeai pas moins face à face avec mon singe, qui poussa la fa-


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