DE
ROBIN
JOUET.
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tion. Le p l a n c h e r , le plafond, et surtout les m u r s , ondulaient çà et là comme une mer
agitée. Les
lianes, à certaines places, s'entre-croisaient dans un tel fouillis de ligatures, que pour les défaire il eût fallu les traiter comme Alexandre traita le nœud gordien. Les meubles s'y composaient
exclusive-
ment d'un lit, dont l'herbe et quelques feuilles faisaient seules
tous les frais. Enfin il y régnait à
midi une chaleur si forte, qu'on s'y serait cru dans un four. Mais tel qu'était mon pauvre n i d , c'était un abri contre la pluie, le soleil et les bêtes féroces.
Les
moustiques ne m'y tourmentaient pas comme à terre. Sur toutes choses, c'était un nid de ma fabrique, et à moi, à moi seul! J'ai depuis ce temps habité bien des demeures, des palais m ê m e , tout lambrissés de dorures, avec des rideaux de pourpre et un esclave pour chacun de mes désirs. Aucune de ces demeures ne
m ' a été aussi
chère que m a
pauvre
cabane
aérienne; aucune n ' a laissé en moi de traces plus profondes, et qui soient aussi douces à mon présent souvenir. C'est que le premier bien de ce monde , ce n'est ni l'opulence, ni même le b i e n - ê t r e : c'est la liberté! La liberté complète, sans autres limites que les indis-