Les aventures de Robin Jouet. Guyane française. Partie 1

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DE

ROBIN

JOUET.

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dont l'étendue et l'élévation me donnaient bon espoir, j'aperçus de l'autre côté le cerf de la veille et ses biches, les m ê m e s , d'après leur n o m b r e , qui paissaient, comme la veille, les uns debout, les autres couchés. J'oubliai m o m e n t a n é m e n t toutes mes souffrances pour ne plus penser qu'à la chasse. Ainsi, en maladie, on oublie pour un m o m e n t sa douleur rien qu'à l'idée de satisfaire une passion dominante. Sous l'empire de mon nouvel espoir, je m'accroupis rapidement sur place, en chasseur exercé que j'étais : puis je me mis à examiner la situation. Les a n i m a u x empêchés de me voir, en partie par les herbes de la savane, en partie p a r le bosquet qui s'élevait entre eux et moi, me p a r u r e n t être à environ quatre cents m è t r e s , et à cent mètres au plus des arbres vers lesquels j e me dirigeais. J'avais à peine trente pas à faire p o u r être complétement masqué à leur v u e , et g a g n e r ensuite à mon aise le g r a n d bosquet, d'où je pourrais les tirer. Je fis ces trente pas en m a r c h a n t courbé, m o n chapeau à la m a i n , si bien caché par les herbes qui montaient par-dessus moi, que m a tête les fendait en passant. L'une d'elles me coupa m ê m e à la joue comme eût fait un canif; mais je n'ai j a m a i s été très-douillet de ma n a t u r e , surtout quand j'étais en chasse, et je


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