DE
ROBIN
JOUET.
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me trempai à l'eau tout entier afin de rafraîchir mon corps qui me cuisait comme par des milliers de brûlures. Ce fut tout le soulagement que je réussis à me procurer, et le j o u r p a r u t sans que j'eusse pu dormir autrement que pendant quelques instants, arrachés çà et là aux moustiques. Mais bonne ou mauvaise il n'est pas de nuit qui ne porte conseil, et généralement bon conseil. Toute mauvaise qu'elle avait été, celle-là ne me fit pas défaut, et m'envoya u n souvenir qui me dédommagea pour u n temps de toutes mes misères. Au plus fort d'une
de mes batailles
avec les
moustiques, je me rappelai que la crosse de mon fusil contenait une boîte ou excavation dans laquelle j'avais m o i - m ê m e , à Marseille, mis des cheminées de rechange et quelques capsules. Je saisis mon arme avec l'empressement qu'on peut supposer en pareille circonstance, et j'essayai d'ouvrir la boîte. Mais l'eau vaseuse et la rouille avaient comme rivé son couvercle à la crosse, et il me fallut employer la lame de mon sabre. Je fus t r è s - l o n g t e m p s sans réussir. J'opérais sans y voir, parce qu'il faisait obscur sous mes arbres comme dans le fond d ' u n four. Vainement je me poussai jusque sur la pleine m e r , sous les étoiles : leurs clartés équatoriales si souvent célébrées ne me