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LES
AVENTURES
DE
ROBIN
JOUET.
P e n d a n t une demi - heure environ , je
marchai
ainsi en silence, baigné de sueur dans cette atmosphère de serre chaude. Je m e disais que m a course ne pouvait durer
bien longtemps, puisque j'étais
dans une île et qu'il me fallait toujours arriver à l'autre bord. Déjà m ê m e je me demandais si je n'avais pas suivi le rivage sans m'en douter au lieu d'entrer dans l'intérieur, tant il me semblait que la végétation était la m ê m e et le sol toujours vaseux de la dernière marée. Enfin subitement une éclaircie, comme une lueur, se fit devant moi, lointaine encore, mais parfaitement distincte. L'atmosphère devint moins chaude et moins lourde. J'entendis des cris confus d'oiseaux.
Leur
r a m a g e , assourdi p a r les arbres et la distance, formait u n concert étrange qui me p a r u t harmonieux au plus h a u t point. La solitude silencieuse que je subissais depuis m o n arrivée me pesait doublement, au physique et au moral : j'eusse à cet instant trouvé des charmes au chant d ' u n âne ! Je hâtai le pas avec une impatience fébrile. Presque aussitôt une bouffée d'air m ' a r r i v a fraîche et légère comme une brise en é t é , et un spectacle que j e n'oublierai probablement j a m a i s a p p a r u t à mes regards.