Les aventures de Robin Jouet. Guyane française. Partie 1

Page 12

6

LES

AVENTURES

les plaines. Puis fatalement, dès le l e n d e m a i n , mon corps chevauchait à la suite de m a cervelle, et je partais. Tout en me grondant amicalement de temps à a u t r e , pour la forme plutôt que pour le fond, mon patron me laissait faire à m a guise ou à peu près. Il avait coutume de dire que le b o n h e u r était à la campagne bien plus q u ' à la ville; que j'en aurais toujours assez pour vivre; que si je faisais du m a l , je n'en faisais tout au plus qu'à m o i - m ê m e , en préférant la chasse aux chiffres de sa boutique; et q u e , foi de Crésus, comme disait le cher h o m m e , le b o n h e u r en cette vie étant de faire ce qui plaît, il ne voulait pas empêcher mon b o n h e u r . Avait-il tort ou raison? Dieu le j u g e , car il vient de quitter ce monde en laissant, il est v r a i , une trèsgrosse fortune, mais n'ayant j a m a i s fait p e n d a n t toute sa vie que juste le contraire de ce qu'il aimait à faire, — disait-il. Quoi qu'il en soit, j e suivais avec a r d e u r ses préceptes bien plus que son exemple; c'est dire que de moins en moins je travaillais chez l u i , et qu'excepté les jours où je venais toucher la pension que m'envoyait m a famille, je ne faisais m ê m e plus acte d'apparition à mon b u r e a u . Au bout de deux ans de séjour marseillais, je finis m ê m e par louer aux environs de la ville, sur les bords de la m e r , u n


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.