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LES
AVENTURES
larges chacune de deux pouces environ. Cela fait, je coupais ces bandes par lanières, q u i , mouillées comme elles l'étaient et flexibles par n a t u r e , formaient ainsi des cordes véritables. Quand j'eus amassé ce qu'il me fallait du tout pour construire mon r a d e a u , je me mis à l'œuvre. Mais, inhabile
que j'étais à cette tâche
inaccoutumée,
n'ayant que mon sabre pour unique outil, ne sachant manier ni ces bois légers, ni ces écorces glissantes, j'avançais lentement. La marée me surprit avant que j'eusse terminé m a besogne, et force me fut de remonter au dortoir pour achever mon ouvrage, que le •flot menaçait d'emporter ainsi que moi. Je hissai le tout au-dessus de la m e r , dont la h a u t e u r prochaine se lisait sur chaque branche d'arbre par la couche de boue qu'elle portait, et là j'achevai rapidement mon travail. Enfin, vers le milieu du j o u r , mon nouvel esquif fut bon à p r e n d r e la m e r . Il était formé de trente feuilles de palmier, fortement attachées ensemble et composant une sorte de claie longue de cinq à six pieds sur autant de large. La marée était pleine. Je mis mon radeau à la mer. Il était plus léger que du liége, et me portait à merveille. Je fis à la hâte deux espèces de rames avec deux bouts de b r a n c h e s , aux