Les Antilles Françaises, particulièrement la Guadeloupe. Tome II

(455) mettre au cachot chargé de chaînes. Au bout de vingtquatre heures, on le fit paraître devant le conseil, à qui il répondit : Vous n'avez aucun droit de m'interroger, mon nom suffira pour vous apprendre que né, votre maître, j e ne dois compte qu'il Dieu de ma conduite.

J e suis Hercule-Renaud d'Est, fils de prince régnant, et de Charlotte Aglaé on lui demanda : n'avez-vous pas cherché à soustraire la Martinique, au pouvoir du roi de France?

J e n'ai rien à répondre, dit-il, à une question si dépourvue de bon sens. Les juges s'arrêtèrent là, et la scène changea; au lieu de cachot, on le logea commodément dans la salle du conseil ; on lui donna tout ce qu'il désirait, avec une garde particulière et deux officiers. On interroga sa suite sur le prétendu projet de soulever la colonie; elle en haussa les épaules, et on se contenta de la bannir du territoire d'Espagne. Le prétendu prince fut condamné aux galères, en Afrique.

Le jour du départ pour Cadix, où devait s'embarquer la chaîne allant à Ceuta, toute la garnison de Séville fut sous les armes; il monta en voiture, appuyé sur le lieutetant de sa garde, portant un habit neufd'écarlate et poudré à blanc, soutenant, avec un ruban couleur de rose , le petit fer qu'il avait au pied. A Cadix, il fut traité avec égard; on le fit enfin partir pour Ceuta,laissant l'Espagne toute pleine de son histoire et d'intérêt pour lui. Nadau reçut à la Martinique des présens de sa part, et une lettre qui lui apprenait qu'il était à Ceuta chez les Cordeliers où il était très-bien traité et assez libre etc. il paraît cependant qu'il s'évada, car un bâtiment mouilla à Gibraltar, à-peu-près à cette époque. Le capitaine anglais dit au commandant de place